Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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Son but était de faire tête « aux membres les plus exagérés du côté gauche et aux membres les plus ulcérés du côté droit (1) ». Malgré le talent des rédacteurs, malgré et probablement à cause de la droiture de leurs polémiques, le « Journal des impartiaux » ne put résis. ter aux attaques simultanées des deux partis extrêmes. Il eut deux mois d’existence.

Clermont-Tonnerre ne se découragea point. — L'’opinion, celle surtout de Paris, se formait plus encore par les harangues dans les clubs dits patriotiques que d’après le dire des journaux. Ces clubs avaient généralement pour directeurs des députés en vue, pour membres des citoyens exaltés, la lie du peuple le plus souvent, qui dictaient leurs volontés. — Le club Breton, simple groupement parlementaire à Versailles, s'était vite à Paris transformé en un de ces clubs; il s’était installé au couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré. Il s'appela alors : « Lasociété des amis dela constitution. » Clermont-Tonnerre, durant toute l’année 1790, on fut l’âme. Député de Paris, très populaire dans certains quartiers, auprès du nombre considérable de ceux qui voulaient réformer la monarchie sans la détruire, il y fit maintes fois applaudir sa virulente éloquence. Mais ce club fermé au début, entrouvert ensuite, dégénéra vite en réunion publique; y entrait qui voulait. Chaque soir des gredins s’y installaient en maîtres, la lutte devint impossible avec des «esclaves ivres». Ecœurés, les amis de Clermont-Tonnerre abandonnèrent la

(1) Lettre de Stanislas de Clermont-Tonnerre à M. DuvalDespréménil, conseiller au Parlement de Paris.