Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 185

Sévigné sait la situation administrative et politique de l’homme que sa fille avait épousé (1).

Plus récemment, le grand'père du constituant avait été ambassadeur du roi, près de la Porte ottomane. Chargé par Maurepas, au cours de la guerre de lasuccession d'Autriche, d'attirer la malveillance du Sultan contre l’impératrice Marie-Thérèse (1742), il s'était acquitté de sa mission en fin diplomate. — Quant à son propre père, quoique maréchal de camp, il était surtout homme de cour et comme tel chevalier d’honneur de l’une des filles de Louis XV, Mlle Sophie de France (2). De l’art de la guerre, les Castellane semblaient être en train de descendre ou, si on le préfère, de s'élever vers l'art de la politique.

Il n’est donc point étonnant qu’auxapproches de la Révolution le comte de Castellane (3) se soit senti attiré vers les luttes parlementaires. Il est vrai qu’à cette date déjà, et malgré son âge, il était colonel de cavalerie ; mais un gentilhomme alors se décorait luimême d’un titre de colonel comme le commerçant se décore aujourd’hui d'un brevet d'invention. — Ce titre était une marque de gentilhommerie, non un signe de vocation. — Le milieu dans lequel s'était écoulée son adolescence, le mariage qu’il avait {contracté

(1) François de Castellane, comte de Grignan, veuf de deux femmes, épousa, en troisième noce, Mle de Sévigné, en 1669. Lieutenant;général et gouverneur de Provence, il repoussa victorieusement, en 1707, l'attaque des impériaux contre Toulon. :

(2) Chevalier, commandeur et officier de l'ordre du SaintEsprit, le 4 janvier 1786.

(3) Il était né le 4 août 1758.