Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 187

constituant n'avait donc pas été parfumée de religiosité, tout au contraire. — D'un manuscrit laissé par sa femme et qui éclairera d’un jour tout particulier la suite de cette étude, il est facile de conclure que si, à l’âge de 25 ans, les deux époux n'étaient point des mécréants, ils étaient tout au moins des libres penseurs. Ils appartenaient à la catégorie de ceux qui se refusent « à embarrasser la tête d’un enfant d’un dogme qu’il ne peut pas comprendre (1) ».

Le comte de Castellane chercha-t-il dans des visites aux cours étrangères une préparation plusintense à la viepublique? La tradition de notre famille ne le dit pas. Tout au plus a-t-elle gardé le souvenir d’une excursion à Ferney, où l’apprenti-philosophe s’en fut vénérer le patriarche de la philosophie. — Ce qu’elle nous à appris encore, c’est que plus d’une fois il alla à Chanteloup saluer la liberté dans la personne de Choiseul en exil. Mais son amour del’étude etde la comparaison ne le mena guères au delà. Son enfance s'était écoulée sous le ciel moelleux de la Touraine ,au beau château de Villandry, propriété de son père: — les grandes colères n'éclosent pas sous de pareils ciels; — puis il était entré dans l'armée. Après quelques semaines de service effectif, chaque année, à l’instar des gentilshommes de l’époque, il revenait à Versailles faire sa cour au roi, ou bien à Paris faire ses propres délices.

(1) L'éducation du marékhal de Castellane (notes écrites par sa mère, publiées par la Société des bibliophiles de Pau, 4877, p. 86).