Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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Quand éclate la Révolution, le comte de Castellane n'est pas un de ces hommes que l'étude a préparés aux grandes situations; il est le fruit naturel d’un arbre social venu seul et sans transplantation sur un sol singulièrement remué non par les bras, mais par les idées. Il va subir les lois de la maturation. Comme il est sans tuteur, il se détachera simplement sous le poids d’un rayon de soleil plus ardent ; et c'est par son passé, par l'atmosphère où il a grandi, par les parfums du libéralisme social et cérébral dont il a été empreint qu’ilengendrera à son tour la plus précieuse de nos libertés, la liberté des cultes. Son action va être celle d’un démocrate talon rouge teinté de « parisianisme », incapable de remiser un esprit toujours en quête de gaies épigrammes et réalisant la plus grande des réformes presque sanss’en douter, par ce simple sentiment qui, de nos jours, court les rues sous cette rubrique familière : que l’on nous laisse la paix !

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Le comte de Castellane (1) a 31 ans lorsque les États généraux se réunissent ; l’âge des ardeurs intellectuelles, celui où l'esprit, si ouvert qu'il soit, ne connait guères les tempéraments et les compromis ; — et c’est sans doute le motif pour lequel les grandes choses s’opèrent le plus souvent par des volontés jeunes. —

(1) Boniface-Louis-André de Castellane-Navijean, né en 1758.