Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française
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Révolution française et même à la Révolution américaine, dont il avait été pourtant l’un des acteurs.
En effet, si, comme Mallet du Pan, Gouverneur Morris est un observateur perspicace de la Révolution ; si, comme lui, il devint dans la coulisse un conseiller de la monarchie française à ses derniers jours, il était, de plus, lorsqu'il vint en France, un homme d'État qui avait déjà fait ses preuves. Né en 1792, nourri d’une forte éducation et barrister at law (avocat), lorsqu’avait éclaté la Révolution d'Amérique, il s'y était jeté, maloré ses sentiments conservateurs, de tout son cœur et de toutes ses forces. Élu par son État natal, celui de NewYork, délégué au Congrès Continental, il ÿ avait pendant cinq
années joué un rôle ne surtout comme chairnan (président) de comités importants. Il n’avait pas élé réélu, accusé d’avoir négligé pour l'intérêt général les intérêts particuliers de son État, et s'était établi à Philadelphie pour y exercer sa profession d'avocat. Mais bientôt le Congrès, ayant nommé Robert Morris surintendant de ses finances, lui donna Gouverneur Morris comme surintendant-adjoint. En 1787 l'État de Pensylvanie, qui l'avait adopté, l'envoya comme député à la Convention chargée de rédiger pour les États-Unis une Constitution notidlies la Fe Constitution fédérale. Là aussi il joua un rôle important et fit preuve de clairvoyance et de sagesse. Une fois cette grande œuvre terminée et acceptée par les Etats, Gouverneur Morris, qui ne s’occupait plus que d'agriculture et de commerce, résolut de faire un voyage etun séjouren France, où l’attiraient et ses intérêts comimerciaux ? et la civilisation raffinée et le grand drame qui allait s’y ouvrir. Grâce aux relations que la guerre de l’Indépendance avait créées entre les États-Unis et la France, il avait
1. Voyez Diary and letters, t. I, ch. 1, pour cette biographie de Gouverneur Morris.
Jusqu'à la fin du règne de Louis XVI, G. Morris s’est occupé en France d'affaires commerciales importantes, négociant à leur sujet avec les Ministres. C’est d'abord une vente de cargaisons de tabac, faite à la ferme générale ; puis il propose au gouv ernement des fournitures de farine, des rations pour la marine, d’ re opérations encore. Il avait été chargé dès le début de hâter le règlement de la dette des États-Unis envers la France,