Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

” LA MÉTHODE ET LES PRINCIPES DE GOUVERNEUR MORRIS 21

lie solidement à leur destinée, et alors le sens énergique et viril apparaîtra, ainsi qu'il le doit, supérieur aux incidents flottants, s'appuyant sur la vérité et ayant l'expérience pour garantie 1,» À | 3 ; i

Précédemment, par une magnifique image il avait montré Je même enchaînement dans les tragiques péripéties de la Révolution. « La roue immense, à laquelle est attaché le sort de cet empire, écrase dans sa marche ceux qui l'ont fait mouvoir. Personne n’est assez forte (sic) pour l'arrêter quoique chacun se flatte de pouvoir la faire aller à son gré: mais ils se trompent tous. L'histoire nous a toujours présenté les aveugles humains, creusant avec une industrie fatale leurs propres tombeaux?. » Cela rappelle la phrase célèbre de Vergniaud : « Alors, citoyens, il a été permis de craindre que la Révolution, comme Saturne, dévorant successivement tous ses enfants, n'engendrât enfin le despotisme, avec les calamités qui l’accompagnent 3, » C’est quant au sens la même pensée de part et d'autre: mais l’image employée par Morris contient en plus l'expression d'une loi naturelle et historique. Il l'a reprise d’ailleurs un peu plus loin: « La grande roue de la Révolution roule comme les déclivités la conduisent ‘. » C'était encore la même idée qu'exprimait Mallet du Pan en ces termes: « La Révolution de France a déjà parcouru la plupart de ces périodes, chaque désordre nouveau s'appuie sur celui qui l’a précédé ; il en nécessite lui-même d’ultérieurs?. » C'est enfin par la même loi historique que Thibaudeau, dans un remarquable passage de ses Mémoires, explique la genèse du régime de la Terreur: « On a trop mal présumé de la perversité humaine lorsqu'on a imputé à quelques personnages l’atroce conception de ce qu'on a appelé le système

TUE ee 5 . T. I, p. 2r, lettre (en français) à la comtesse d’Albani, décembre 1792. . Séance de la Convention du 13 mars 1793. . T. IT, p. 52. Comparez ce passage de Michelet, Histoire de la Révolulion française, L. NIII, ch. m: « Tous ces événements terribles vont tomber l'un sur l’autre avec la pesanteur et la rapidité fatale d’une pierre qui descend à l’abîme, »

5. Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, édit. Sayous, t, I, p. 271.

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