Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

MORRIS RENTRÉ AUX ÉTATS-UNIS 5

75 n'ai point d'événements de famille, maïs chaque jour est comme chaque hier, avec la probabilité que demain sera comme aujourd'hui. Ce cours égal de la vie ne me déplait pas à moi qui ai peiné par les tourmentes du monde : pour beaucoup d’autres, il serait insipide. Si, parmi les incidents auxquels est soumise la vie, il s’en tdouvait un qui vous poussät à voyager dans le Nord, ayez la bonté de venir parlager les ressources de mon cottage. Il offre un air salubre, une eau pure, une nourriture sans apprêt, de simples manières et une franche hospitalité !. » Dans cette solitude Morris révait sans doute à ses aventures passées ; il écrivait parois à ses anciens amis et àses anciennes amies. MM. Necker, de Vorouzoff, Leray et Mmes de Staël, de Damas, de Foucault, la comtesse de Hobenthäl, la princesse de la Tour et Taxis. ILeut aussi l’occasion d'écrire à La Fayette et à Mme de La Fayette, mais pour une affaire désagréable. Il s'agissait d'un prèt important qu'il avait jadis fait à cette dernière et les débiteurs, pour diverses raisons, voulaient réduire la somme à rembourser ?.

J'ai dit que les amis de Morris, outre sa rentrée dans la vie politique, lui demandaient encore autre chose. Il s'agissaitde le marier, l’état de célibataire ne paraissant convenir ni à son bonheur ni à sa respectabilité. Dès le mois de mai 1799 il est l'objet de gracieuses prévenances : « Le général Dickinson, chez qui je dine, parait désireux de savoir si j'ai l'intention de me marier. On me dit que la famille de Miss Dickinson désire que je l'épouse. On parle d'elle comme d’une très belle jeune femme, et je réponds, en termes généraux, qu'une telle chose n’est pas impossible *. » Il devait résister à bien d’autres provocations.

En mai 1803 c'est son ami Robert Morris qui veut le marier avec une belle yankee (Morris lui-même nous apprend qu'alors on appelait ainsi les habitants de la Nouvelle Angleterre) : «€ Je vais partir bientôt pour mon tour dans l’Est et si je rencontre cette Yankee charmeuse dont vous me parlez, j'essaierai d'opposer le pouvoir de la raison aux fascinations

1: DM ep 135 —)2, T. IE, p. 4ix ct suis. — 3. T. IL, p. 378.