Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
11/ LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE
« relèverai les autels ; quand je protégerai les ministres de « la religion, comme ils méritent d’être traités en tout pays « il fera ce que je lui demanderai ; il calmera les esprits, les « réunira dans sa main et les placera dans la mienne”. » Aussi, dès le 30 mai 1799, Bonapartecommandantlesarmées françaises en ltalie, fit-il la première avance à l’Église dans une entrevue avec l’évêque de Verceil, le cardinal Martiniana ; six jours après, en présence des curés de Milan, il se déclara ouvertement le protecteur du culte catholique en France et en Italie. Après avoir imputé aux calomnies des philosophes du xvin° siècle contre le catholicisme la persécution que ce dernier avait subie de la part des républicains, il ajoutait: « La France, instruite par ses malheurs, a rappelé dans son « sein la religion catholique ; on a rouvert les églises et le « peuple voit avec respect ses saints pasteurs qui reviennent « pleins de zèle au milieu de leurs troupeaux. Quand jepourrai « m’aboucher avec le nouveau Pape, j'espère que j'aurai le « bonheur de lever les obstacles, qui pourraient s'opposer à
« l'entière réconciliation de la France avec le chef de l’Église». Le Premier Consul tint parole et, après la victoire de Marengo il fit écrire au Pape par l’évêque de Verceil pour lui témoigner son respect et son dévouement. Pie VIT (Chiaramonti) qui, comme évêque d’Imola, avait fait en chaire le panégyrique de la République cisalpine et des libertés démocratiques ?, n'eut garde de dédaigner ces avances et après avoir bien sondé le terrain, il y répondit en envoyant le cardinal Spina, archevêque in partibus de Corinthe, à Verceil, d’abord, le 22 septembre, puis à Paris (en novembre), pour traiter avec Bonaparte. Le Premier Consul choisit comme négociateur l'abbé Bernier qui, après avoir été l’un des fauteurs de l'insurrection 1. V. Mémoires de Saint-Hélène et Souvenirs du D' Anitommarcht. Comp. Pecer pe La Lozère. Opinion de Napoléon sur divers sujets de politique et d'administration. Paris, 1837, p. 227. | 2. Dans une homélie prononcée à la fête de Noël 1797, il avait cité les paroles célèbres du Vicaire savoyard : « Je vous avoue que la majesté des Ecritures m'étonne, que la sainteté de l'Evangile parle à mon cœur... »
et l’évêque avait conclu en ces mots: « Oui, mes frères, soyez tous chré« tiens et vous serez d'excellents démocrates! »