Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA RESTAURATION 199

«il n'y a personne à brüler, personne même à haïr, ce qui « est fâcheux pour les bonnes âmes. Il reste à devenir tolé« rant ou de continuer à être absurde. »

Ce fut Samuel Vincent, un savant pasteur de Nîmes, qui se fit l’organe des réclamations des protestants dans sa brochure intitulée: Observations sur l'unité religieuse en réponse au livre de M. de Lamennais (Nimes, 1820). « Est« il concevable, disait-il, quand l’histoire est là avec ses « pages sanglantes, qu’il se trouve encore des hommes qui « regrettent tous les jours d’avoir vu se briser à jamais les « instruments de rigueur? Loin d'éclairer les âmes, la per« sécution ne fait que les exalter et les aigrir. L'homme « persécuté ne saurait être froid. — Il est placé dans une « situation violente, qui le remue fortement et qui développe « toutes les facultés de son âme. Il était peut-être indifférent « et froid et la vérité l'aurait trouvé sans préjugé comme « sans passion. — Maintenant que vous voulez détruire ses « opinions, il est plein d’ardeur pour les défendre ».

Les maximes de Lamennais, toutefois, furent applaudies par De Maistre, de Bonald et par tout le camp ultramontain, qui exultait de posséder enfin un monarque selon son cœur et un écrivain de talent, au service de sa cause. Elles furent reprises et développées par la presse catholique : le Conservateur, le Mémorial, le Drapeau blanc, etc.

$ 4. — L'avènement du comte d'Artois au trône, sous le nom de Charles X, marqua le triomphe de la « Congrégation » dont le nouveau Roi, sous le règne de son frère, avait été le promoteur ardent. Charles X était beau cavalier, cherchant à plaire au peuple et y réussissant; bon cœur mais cerveau étroit, il n'avait pas de doctrine politique arrêtée et ne montrait de suite que dans ses projets religieux. [Il était Pâme damnée des Jésuites. Deux traits suflisent à caractériser son attitude en fait de religion : les projets de loi qu'il chargea M. de Villèle de déposer sur le bureau de la Chambre, à l’ouverture de la session de 1824-1825 et l'importance qu'il attacha aux rites les plus minutieux du sacre.