Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
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reçu des héritiers du comte Lambrechts ! (mort en 1823) une somme de 2000 francs pour décerner un prix au meilleur ouvrage sur la liberté des cultes qui serait produit dans les deux ans qui suivraient sa mort (1824-1825), ouvrit sur un concours cette question. Elle reçut vingt-neuf mémoires et, chose remarquable, tous concluaient en faveur de la liberté des cultes. Ce fut Alexandre Vinet, alors simple pasteur, qui obtint le prix sur un rapport de M. Guizot, à qui nous empruntons l'appréciation suivante :
« C’est un principe (le principe de la liberté de conscience) « qui semble né d'hier ; son empire est encore méconnu chez « lant de peuples, est À peine fondé parmi nous, mais il a « inspiré au comte de Lambrechts et à vous, ses exécuteurs « lestamentaires, une foi si profonde que vous n'avez pas « hésité à le proclamer au-dessus de toute certitude. Tant « que cette idée ne sera qu'un principe de l’ordre politique, « quelque chose lui manquera en solidité, en puissance et en « pureté même; il faut qu'elle s'élève au-dessus des institu« tions humaines, des nécessités, des justices même de la « lerre; qu'elle pénètre et s’incorpore, non seulement dans « les convictions morales, mais dans les croyances religieuses. « Alors seulement elle déploiera tout son ascendant et fondera, « sur les dispositions intérieures des croyants, la paix reli« gieuse des sociétés. »
Le succès du livre de Benjamin Constant, ce concours ouvert sur un tel sujet par un ancien ministre de la justice et l’affluence ainsi que l'unanimité des écrivains, qui y répondirent, étaient un signe des temps qui annonçait le réveil de l'opinion libérale en France et la venue de temps meilleurs pour la liberté de conscience. La magistrature allait donner à ce principe la consécration de la justice.
La cour royale de Paris saisie, à la demande de Charles X, d’une plainte contre le Constitutionnel et le Courrier À cause
1. Le comte Lambrechts était catholique et avait été ministre de la justice sous le Consulat. Il a légué une somme importante pour établir un asile destiné aux vieillards protestants à Courbevoie,