Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 189
l'Église contre l'Université, et dont l'enjeu était la liberté de l’enseignement secondaire, restait indécise à la veille de la révolution de 1848. Elle avait eu d’ailleurs des contre-coups dans l’enseignement supérieur. M. Lenormant qui avait succédé à Guizot dans la chaire d'histoire à la Sorbonne et avait écrit un livre pour défendre les associations religieuses catholiques, fut forcé par les manifestations persistantes de la jeunesse libérale à donner sa démission (1845). Dans l’autre camp, les leçons de Quinet et de Michelet sur les Jésuites avaient provoqué de vraies tempêtes au collège de France ; Salvandy, pour apaiser l’effervescence des catholiques, amena le premier à démissionner, et suspendit le cours de Mickiewicz et plus tard celui de Michelet (janvier 1848). C'était une sorte de compensation à la fermeture des collèges des Jésuites, obtenue par Guizot en cour de Rome (juillet 1845).
Cependant, on était inquiet dans le camp universitaire des progrès du parti ultramontain et c’est alors qu’une élite de jeunes philosophes : H. Baudrillart, Bersot, Jacques, Jules Simon, ete., s'associèrent pour fonder une Revue, dont le titre indiquait assez l’objet : La liberté de penser (1848). « Aujourd’hui, disaient-ils, un demi-siècle après la Déclara« tion des droits de l’homme, on voit renaître l'intolérance « religieuse au mépris des lois. La révolution de 1830 avait « promis la liberté d'enseignement. C'est bien ! mais il ne « peut livrer au hasard l'éducation et les croyances. L'État, « en matière d'éducation, a un double devoir : donner par « l’Université un enseignement normal, affranchi de la domi« nation des familles et réprimer, dans les écoles libres, « l’avidité et le charlatanisme.. D'ailleurs, nous ne voulons « pas de persécution contre les croyances. En tout, la liberté « de ne pas croire, quand elle n’a pas la liberté de croire « pour corollaire, est à nos yeux la pire espèce d’intolé« rance ».
3° Liberté d'association. — Jusqu'en 1841, comme on l’a vu, la monarchie de Juillet avait observé une neutralité