Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
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du Roi et à la sagesse des plus grands ministres de la monarchie de Juillet, mais elle avait bien de la peine à pénétrer dans l'esprit des évêques qui manquèrent parfois de tact vis-à-vis des consciences indépendantes.
A la fin de mai 1831, mourait à Paris, dans la retraite, l'évêque Grégoire qui avait pris une part active à l'organisation de l'Église constitutionnelle et s'était montré sous la Terreur le défenseur courageux des droits de la conscience. Il était universellement respecté pour son caractère et sa moralité. Se sentant mourir, il réclama les sacrements de l'Église catholique romaine, dont il n'avait Jamais renié les dogmes. Mais l'archevêque de Paris, M# de Quelen, le traitant en schismatique et en républicain, y mit pour condition qu'il rétracterait le serment qu'il avait jadis prêté à la Consütution civile. Grégoire, ne voulant pas mentir à sa conscience, refusa d'y souscrire et l'archevêque interdit qu'on lui portât les secours de la religion. Louis-Philippe obtint alors de l’abbé Guillon, aumônier de la reine, qu'il donnt au vieil évêque le sacrement de l’extrême-onction et fit ouvrir, par le préfet de police, la chapelle de l'Abbaye aux Bois. Les obsèques catholiques de Grégoire y furent célébrées au milieu d’un concours immense de la population et la jeunesse traina le char funèbre jusqu'au cimetière du MontParnasse. M# de Quelen était, sans doute. dans son droit strict, en refusant les honneurs religieux à un prêtre qu'il considérait comme schismatique; mais n'aurait-il pas dû tenir compte de ce fait, que le catholicisme constitutionnel avait été la religion officielle de la France, et qu'il n'avait innové qu'en matière de discipline? N’aurait-il pas dû se souvenir que Grégoire avait fait honneur à l’Église catholique par la pureté de ses mœurs, par la noblesse de son caractère et qu'aux heures les plus sombres de la Révolution, il avait défendu les prêtres insermentés contre leurs persécuteurs? Quant au Roi et à ses ministres, si, dans ce cas, ils empié-
tèrent sur les droîts de la hiérarchie catholique, ils ont pour