Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

208 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

MM. À. de Gasparin, J. Delaborde, Edm. de Pressensé une Église à base confessionnelle, indépendante de l'État. Aussitôt, cette Église, animée de l'esprit de prosélytisme des Méthodistes anglais, organisa des conférences populaires, dans plusieurs quartiers de Paris. L'un de ces prédicants, M. Léon Pilatte, fut poursuivi devant le tribunal de police correctionnelle et condamné a une forte amende pour contravention au décret sur les clubs. L'affaire fut portée devant les divers degrés de juridiction ; mais le prévenu, n'ayant pas réussi à prouver que ces réunions avaient eu exclusivement le culte pour objet, la cour de cassation rejeta son pourvoi, malgré une plaidoirie savante de M. Delaborde (11 janvier 1850).

Par contre, la liberté de prosélytisme remporta un nouveau triomphe dans un petit village de l'Oise. Le mouvement de conversion des catholiques au protestantisme, commencé à Senneville (Seine-et-Oise) en 1843, s'était propagé, malgré tous les obstacles, à Gommecourt et quelques autres villages de l’arrondissement de Mantes. De là, il avait débordé dans le département de l'Oise; une trentaine d'habitants de Montjavoult (Oise) avaient adressé au consistoire de l'Église réformée de Paris une requête pour obtenir l'établissement d’un lieu de culte et d’une école protestante. Mais le pasteur Rouville étant allé (9 février 1851), sur l’ordre dudit consistoire, prècher dans ce village, le maire envoya des gardes nationaux pour interrompre le service et sommer l'assemblée de se disperser. Sur ce, le consistoire réclama au ministre des cultes, M. Giraud, qui envoya au préfet de l'Oise l’ordre d'assurer le service religieux pour le dimanche, g mars, ce qui fut fait. Le culte protestant, interdit par le maire, fut rétabli de même à Saint-Opportune (Eure), 12 avril 1851. Le protestantisme se propagea en liberté à Beaucaire, Moulins, Corbeil et même à Quimper ; mais rencontra des obstacles de la part des autorités dans la Haute-Vienne’.

1. V. Lien du 20 mars 1852, affaire de Saint-Hilaire-la-Treille et Espérance du 17 avril 1851.