Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

242 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

« L'Église évangélique proteste contre tout ce qui tend à en« chaîner les esprits et à dominer les consciences". »

6) {sraëlites. — Le culte israélite doit au deuxième empire le décret du 29 août 1862, qui modifia dans un sens favorable l'ordonnance royale de 18/44. Ce décret organisait l'élection des membres des consistoires par le suffrage universel et fixait les conditions du sous-rabbinat.

D'autre part, le gouvernement impérial ünt la main à ce que justice fût rendue à des familles israélites qui avaient été lésées dans leur droit le plus sacré, l'éducation de leurs enfants. Lorsqu'un chanoine, M. Mallet, fut traduit devant la cour d'assises de Douai pour avoir, de concert avec l'abbé Ratisbonne, détourné de sa mère et caché dans des couvents une jeune juive, le procureur impérial requit le maximum de la peine, qui fut prononcée contre le coupable (3 mars 1861). La même année, les carmélites de Riom furent inculpées d’avoir caché une orpheline israélite, réclamée par ses oncle et tante. La cour de Riom les acquitta du chef de détournement, mais condamna les prévenus à 3 000 francs de dommages-intérêls”. À la suite de ces deux procès qui firent quelque bruit, le ministre des cultes, M. Rouland, invita les préfets à surveiller de près le prosélytisme catholique à l'égard des mineures et fit fermer quelques maisons religieuses, malgré les protestalions des évêques.

Ces faits et d’autres actes de persécution en Europe amenèrent la création à Paris de l'Alliance israëlite universelle. Cette société, qui eut pour initiateurs Ad .Franck et Fromental Halévy, membres de l'Institut et Narcisse Leven, avocat, avait pour objet de poursuivre le redressement des torts faits aux juifs de tous pays et de faire respecter dans le monde entier le principe de la liberté de conscience (1860). Son président, M. Ad. Crémieux, saisit l’occasion de le proclamer bien haut,

1. V. Circulaires du Directoire de la confession d’Augsbourg, 3 sep-

tembre 18r7 et 12 mai 1830. 2. V. Archives israélites, affaires Bluth et Lennewiel, décembre

1861.