Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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en adressant l’offrande de la société au comité, formé à Berlin, pour élever un monument à Lessing, « ce pionnier de la « liberté de conscience au xvunt siècle! ».

Napoléon IT sut aussi faire appliquer ce principe, dans la négociation pour un traité de commerce avec la Suisse (1863). Certains cantons avaient émis la prétention, fondée sur des lois remontant au moyen âge, d’exclure les Israélites français, commerçant en Suisse, du bénéfice de ce traité. L'empereur fit savoir au Conseil fédéral que le traité ne serait conclu qu’à la condition sine qué non, qu'on ne ferait aucune distinction de culte entre les négociants français.

. Grâce à sa fermeté, la Suisse s’inclina devant le principe de la liberté religieuse.

S 3. — En somme l'empire, dans sa deuxième phase, observa généralement le principe de la liberté des cultes si l’on admet, comme nous avons essayé de le démontrer, que la question du pouvoir temporel du Pape ne mettait point en péril la liberté de conscience des catholiques. Comment l’observa-til dans l’enseignement publie, à ses divers ordres ? Commençons par l'enseignement supérieur.

On à vu, dans la période précédente, que le personnel des professeurs du Collège de France et des Facultés avait été épuré de tous ceux qui par leurs opinions libérales ou républicaines portaient ombrage au pouvoir impérial et atteinte au prestige de l’Église catholique romaine. La voix des Michelet et des Quinet, des Deschanel et des J. Simon avait été réduite au silence. Lorsque Proudhon, dans son livre De la justice dans la Révolution et dans l'Église (1858) et Patrice Larroque, dans son £xamen de la Religion chrétienne (1850) se permirent de faire la critique de la justice ecclésiastique et du dogme catholique, leurs livres furent déférés aux tribunaux. Cependant, la rupture de l’empereur avec le parti catholique (1859-1860) qui avait donné à la presse libérale les coudées plus franches vis-à-vis des actes

1. Lien du 29 mars 1862.