Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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par allusion discrète, mais peu à peu les conférenciers s’enhardirent et on vit même des pasteurs, p. ex. Athanase Coquerel fils, combattre l’étroitesse d'esprit de la société actuelle et Edmond de Pressensé plaider ouvertement la cause de la libre conscience ‘.

La Revue des Cours littéraires, fondée par Odysse Barrot, puis élargie par Eug. Yung et Alglave, vint donner à ce mouvement un organe agile et répercuter dans toute la France ces voix indépendantes qui faisaient espérer à quelques esprits, plus généreux que clairvoyants, une transformation libérale de l'empire. — Comment n’aurait-on pas pu partager ces espérances, quand on vit, en 1867, Napoléon IT confier le ministère de l'instruction publique à Victor Duruy un ancien républicain et un universitaire libéral? On sait la tentative qu'il fit pour rendre l'instruction primaire gratuite et obligatoire * et pour retirer aux congrégations monastiques le monopole de linstruction secondaire des Jeunes filles. Les évêques jetèrent les hauts cris et s’efforcèrent par tous les moyens de ruiner les cours secondaires de jeunes filles en province, sans s'inquiéter, si, par R, ils ne portaient pas atteinte à la liberté de conscience de bien des familles non-catholiques, réduites à envoyer leurs filles aux cours des couvents.

Ni sous un tel ministre, ni sous le gouvernement de son prédécesseur, M. Rouland (1856-63), les maitres ou élèves non-catholiques n'eurent à souffrir pour cause de religion. Il y eut bien encore dans la Haute-Vienne un instituteur de village qui, pour s'être converti au protestantisme, fut révoqué par le préfet et, n'étant plus couvert par l'engagement décennal, fut envoyé au régiment. Mais le conseil d'Élat cassa l’arrèté du préfet, comme contraire au principe de la liberté de conscience”. D'autre part, les Israélites d'Alsace se plaignaient qu'on ne leur accordät pas assez de maitres d'école . V. Revue des Cours littéraires, 26 février 1869 et 5 mars 1870.

. Rapport à l'Empereur (février 1865). Lien du 30 août 18637.

GR