Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
292 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE
montaine et inquisiloriale, faites sous la Restauration et après le coup d’État du 2 décembre 185r.
Aussi, à partir du premier quart de notre siècle, les actes de contrainte des consciences et, à plus forte raison, les violences exercées par le pouvoir civil, sur des particuliers ou des sociétés, à raison de leurs croyances philosophiques ou religieuses sont-ils devenus de plus en plus rares. Et, quand ils se sont produits, ils ont élé ouvertement condamnés par l'opinion et réprimés avec fermeté par les tribunaux ; à moins qu'il ne fût évident que le pouvoir spirituel avait empiété sur le domaine politique ou que lassociation, par ses agissements, compromit l’ordre public. L'organisation du culte israélite, par les lois de 1844 et de 1862, et le bel épanouissement de liberté religieuse, qui marquèrent la période qui s'étend de 1836 à 1850, semblaient être le présage d’une ère de tolérance et de fraternité des croyances.
Mais la loi de Falloux, en donnant la prépondérance aux congrégations catholiques et le coup d'État de 1851, en supprimant le droit de réunion et la liberté de l’enseignement supérieur, firent reculer la liberté de conscience. Ge n'est qu'en 1860 el dans les années suivantes, à la suite de la guerre d'Italie et de l’amnistie, que se produisit un réveil de la liberté politique et que par contre-coup la liberté de conscience, qui en dépend si étroitement, recouvra ses droits.
$ 2. — Si, maintenant, on nous demande quel rapport il y a entre le progrès de la liberté de conscience et la paix et la prospérité du pays, il sera facile de dégager la réponse des événements rapportés plus haut. On a constaté, d’abord, l’état de misère et de ruines auquel les guerres de religion avaient réduit la France à la fin du xvr° siècle. Les édits de Traversy et de Nantes donnèrent le signal d’une ère nouvelle. Les cinquante années de paix civile, dont la France jouit sous le règne de Henri IV et sous le gouvernement des cardinaux Richelieu et Mazarin, lémulation féconde entre les artisans, les marins, les négociants, les ministres ou théologiens des deux confessions, portèrent les arts et les