Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

CONCLUSION 253

métiers à ce haut point d’avancement, qui a donné tant d'éclat à la première partie du règne de Louis XIV.

Ce dernier, dès qu'il eut pris en mains les rênes de l'État changea, hélas ! cette sage politique et, revenant au système d’une religion d'État, voulut détruire Port-Royal et réduire ou exterminer les Protestants. Ce régime servit sans doute la cause du pouvoir royal dans sa lutte contre le Saint-Siège (Articles de 1682); mais ne prolita ni à l'Église catholique, qui l'avait réclamé, ni à la nation en général. Une fois privés des stimulants salutaires, qu'étaient pour lui les Réformés et les Jansénistes, le catholicisme français tomba dans le marasme et la torpeur intellectuelles. Quant à la nation, on sait les résultats désastreux que la révocation de l'Édit de Nantes et l’'émigration en masse des huguenots eurent pour le commerce, l’industrie et la navigation de la France. On n’exagère donc pas en disant que c'est à l'intolérance de Louis XIV et de Louis XV qu'il faut attribuer la misère économique de notre pays au xvI° siècle, misère qui produisit le déficit croissant du Trésor public et finit par aboutir à la Révolution.

Si l'Édit de 1787 avait été rendu un demi-siècle plus tôt, par exemple sous la Régence, il eût sans doute pu réparer une partie des maux causés par Ja révocation de celui de Nantes et‘peut-être prévenir la catastrophe de 1793. Tant qu'il fut en vigueur et, surtout, après qu'il eût été confirmé et développé par la loi du 18 germinal an X, il procura la paix religieuse et la prospérité du pays.

Malheureusement, la faute de la Constituante, en voulant réorganiser l’Église catholique romaine, sans le concours de Rome, la persécution des prêtres insermentés par la Législative, la Convention et le Directoire, enfin les guerres de la Révolution et de l'Empire, rouvrirent dans le corps de la patrie des plaies nouvelles, à côté de celles qu’on venait de fermer. Tout le monde connaît les maux de la guerre de Vendée et d'Anjou, qui fut une vraie guerre de religion.

Le gouvernement de la Restauration, s'il avait loyalement observé la Charte de 1814, aurait pu guérir ces maux ; la