Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
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perséculeurs afin d’accaparer leur clientèle où leur héritage. Or la foi est, par essence, désintéressée : on peut en mesurer le déclin chez les particuliers comme dans les églises au progrès de la cupidité. L'amour du lucre, en bien des cas, prit le masque du zèle pour les intérêts de l'Église, Et de nos jours, n'a-t-on pas vu la lutte entre la haute banque catholique et la banque juive engendrer ce mouvement antisémitique et produire, à propos d’une affaire d'ordre purement judiciaire, des troubles si funestes à la paix publique et à la liberté de conscience ?
Une quatrième cause d’intolérance, enfin, c'est le despotisme politique. Il y à un rapport étroit entre la liberté politique et la liberté de conscience, comme la si bien observé Benjamin Constant. L’asservissement de la conscience est la suite logique du despotisme. C'est ainsi que « l'Église catholique sous Napoléon 1°* à subi quatorze années de servitude ! ». Il peut arriver que des républiques, surtout des oligarchies comme Venise, ou des républiques gouvernées par une assemblée unique comme la Convention, se montrent intolérantes, mais c’est l’exception. En somme, c’est d'abord en Suisse et dans les Pays-Bas et puis en Angleterre et dans les colonies anglaises d'Amérique que la liberté de conscience a été et est encore la plus florissante, tandis qu'elle a été opprimée ou restreinte dans les étais despotiques, où le souverain prend ombrage de toute croyance philosophique ou religieuse indépendante et considère la religion comme un moyen de gouvernement, Il a fallu des circonstances exceptionnelles pour faire régner la liberté des cultes et des opinions dans des monarchies, par exemple en France sous Henri IV, en Prusse sous Frédéric IT et sous Joseph IT en Autriche.
Jusqu'ici nous n'avons considéré que des causes d’intolérance élrangères à la conscience: loutes provenaient d’une erreur psychologique et sont contraires à la nature humaine. Or il en est une autre, inhérente à la théologie qui, a
1, Benjamin Consraxr, De la religion, 12° vol. ch. nn,
Bonxer-Matry. 17