Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

0 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

Mais le roi fit la sourde oreille et Malesherbes resta en fonctions jusqu’en 1768, appliquant le principe de la liberté de conscience aux dissidents comme aux philosophes. Faut-il voir dans ce recours de la Sorbonne et du haut clergé au bras séculier un aveu de leur impuissance à vaincre les incrédules par les seules armes de la persuasion ? Quoi qu'il en soit, les représentants du clergé, alarmés des progrès des Réformés, renouvelèrent, tous les cinq ans, leurs doléances à la Cour et sollicitèrent, d’une façon de plus en plus urgente, l’aide du pouvoir civil contre la secte opiniàtre. Au nom de l’Assemblée de 1545, l'archevêque de Tours fut chargé de présenter au roi une requête pour faire cesser les réunions du culte au Désert et les synodes protestants. L'effet de ces plaintes du clergé ne se fit pas attendre: les 1°" et 16 février de cette même année, parurent deux Déclaralions royales, qui décrétaient la peine des galères contre les assistants et celle de mort contre les ministres, qui présideraient les assemblées du culte protestant. Ces édits et déclarations furent confirmés par l'ordonnance du 17 janvier 1750. Or, comme toutes ces mesures violentes ne venaient pas à bout de cette grande révoltée — la conscience huguenote les évêques reprirent leurs réclamations, et même, chose triste à dire, ne rougirent pas d'essayer de flétrir les ministres. — Voici, par exemple, en quels termes, l'archevêque d'Albi, dans un « Mémoire au Roë » lu à l'assemblée de 1750, s’exprimait sur les entreprises des Religionnaires : « Les ministres « etprédicants, ces gens sans aveu et sans responsabilité, au « mépris des édits et des déclarations qui les ont proscrits, « inondent les provinces, où il y a des prétendus Réformés. « Is y ont rétabli, de fait, l'exercice public de leur religion ; « ont chacun leur département et exercent les mêmes « fonctions qu'avant la Révocation. Ils prêchent, baptisent, « marient, visitent et exhortent les malades, enterrent les « morts avec appareil. » L'orateur du clergé gallican s'élevait surtout contre les mariages des protestants, contractés au Désert par-devant des ministres; et qu'il traitait d’ « alliances