Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

99 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

se montrèrent incapables de fonder la liberté des cultes sur le respect des consciences et qu'à leur tour ils persécutèrent les catholiques.

La question de la liberté de conscience se posa pour la première fois devant l’Assemblée constituante en août 1789, à propos de la discussion des articles VLet X de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. L'article VT portait en effet que : « La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle « protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux « à ses yeux sont également admissibles à toutes les dignités, « places et à tous les emplois publics, selon leur capacité, « sans autre distinction que leurs vertus et leurs talents. » Cet article levait les barrières que le Parlement de Paris avait maintenues deux ans auparavant dans PÉdit de tolérance et qui fermaient aux dissidents l'accès des charges municipales, des fonctions de juge et de professeur. Il ne souleva que peu d’objections et fut bientôt voté. Il fut explicitement confirmé par des lettres-patentes du Roi, qui rouvraient aux protestants l'accès de tous les emplois, sans rien innover pour les juifs (24 décembre 1789). L'article 10, sur la liberté de conscience, donna lieu à une discussion animée.

A la séance du 23 août, Rabaut Saint-Étienne, fils de Paul Rabaut, l’un des plus courageux”pasteurs du Désert, député de la sénéchaussée de Nimes, réclama la liberté des cultes, non pas seulement pour les protestants, « ce grand peuple du Désert, » mais pour les Israélites, dont il dépeignit les opprobres et les souffrances: « Celui qui attaque la liberté des « autres, dit-il, mérite de vivre dans l’esclavage. Un culte « est un dogme, un dogme tient à l'opinion, l'opinion à la « liberté. Instruits par la longue et sanglante expérience du « passé, il est temps enfin de briser les barrières qui séparent « l’homme de l’homme, le Français du Français. » Etcomme quelques députés prétendaient qu'il suffisait de tolérer les noncatholiques, Mirabeau se leva et prononça ces paroles mémorables : « Je ne viens pas prêcher la tolérance, s’écria-t-l. « La liberté la plus illimitée de religion est tellement à mes