Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DE L'ÉDIT DE TOLÉRANCE JUSQU A LA CHUTE DE NAPOLÉON 91

« yeux un droit sacré, que le mot de tolérance qui essaie de « l’exprimer me paraît en quelque sorte tyrannique lui« même, puisque l'existence de l’autorité qui a le pouvoir de « tolérer attente à la liberté de penser, par cela même qu’elle « Lolère et qu’ainsi elle pourrait ne pas tolérer! »

Malgré cette éloquente démonstration, les orateurs du clergé insistèrent sur les inconvénients de la coexistence de cultes différents, et l'évêque de Lydda parvint à faire adopter pour l’article 10 (26 août) cette formule vague au lieu du terme précis « exercice des cultes »: « Nul ne doit être inquiété par ses opinions même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public. »

L'année suivante les orateurs du clergé revinrent à la charge. En avril 1790, Dom Guerle, un chartreux, présenta une motion qui invitut l'Assemblée à déclarer « que la religion apostolique et romaine » est et demeurera toujours la religion de la nation et que son culte sera seul autorisé ». Elle fut soutenue par l’évêque de Clermont, ancien président de la Constituante, et par la majorité des députés ecclésiastiques, l'abbé Maury en tête; mais combattue par le baron de Menou et par Mirabeau. Ce dernier, répondant à M. d’Estournel, député du Cambrésis, qui avait rappelé au Roi le serment fait par Louis XIV à Cambrai (1603) d’extirper l'hérésie, n'eut qu'à évoquer le souvenir de la SaintBarthélemy et de la révocation de l'Édit de Nantes pour faire repousser la motion.

L'Assemblée, électrisée par l’éloquence de Mirabeau, vota l’ordre du jour présenté par le duc de la Rochefoucauld et qui portait qu’ « elle n’avait aucun pouvoir à exercer sur les consciences. » Suivant les principes posés dans la déclaration des Droits de l'homme, la Constituante vota dans le courant de l’année 1790, une série de lois, qui réparèrent dans la mesure du possible les iniquités commises par Louis XIV et

Louis XV".

1. Voyez les Décrets du 6 juillet, 17 août, 9 septembre, 1°r et 9