Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
92 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE
Mais il était plus facile de décréter la liberté de conscience que de la faire pénétrer dans l'esprit et les mœurs d’une population intolérante. Ces décrets, favorables aux protestants, parurent aux yeux de la population catholique du Midi une injustice révoltante, d'autant plus que, peu après, la Constituante ordonna la vente des biens du clergé séculier et fit dresser l'inventaire des propriétés des ordres monastiques. Les évêques, de leur côté, qui regrettaient leur domination, et les agents royalistes exploitèrent ces passions jalouses et réveillèrent les vieilles haines confessionnelles, qui s’élaient assoupies au cours du xvim° siècle. L’intolérance religieuse prit le masque de la ferveur monarchique. On organisa dans tout le Languedoc une ligue catholique antirépublicaine, afin, disait-on, « d’étouffer le délire républicain par le zèle religieux” ». Le principal agent de cette ligue recommandait trois moyens : faire signer des adresses à l’Assemblée nationale réclamant l'unité de religion, dénoncer les protestants, « ces vipères ingrates » comme des athées et des spoliateurs d’églises, et les faire exclure de toutes les charges électives et enfin organiser des compagnies de volontaires armés pour la défense du trône et de lautel.
Ces excitations à la guerre de religion ne trouvèrent, hélas ! que trop d’écho dans les populations du Midi. Le rejet de la motion de D. Guerle, la nouvelle de l'élection d’un ancien pasteur, Rabaut Saint-Étienne, à la présidence de l'Assemblée nationale firent l’effet de coups de foudre et enflammèrent le zèle de ce peuple aussi fanatique qu'ignorant. Il s’arma, s’organisa en bandes de «chevaliers de la croix » et voulut empêcher par la force l'exécution des lois votées sur les propriétés ecclésiastiques. — Le sang coula à Montauban (10 mai 1790), à Uzès, à Nimes (15 mars et 13 juin 1790).
décembre 1790. Ce dernier a élé confirmé par la loi de novembre 1886 qui donne la naturalisation à tout descendant de Français, qui peut prouver qu’un de ses ascendants a élé banni pour cause de religion.
1. V. Fromexr. Précis de mes opérations pour la défense de la religion el de la royauté au cours de la Révolution (Paris, octobre 1815),