Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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sous Charles Il; modifiée seulement ‘dans quelques unes de ses parties, on en respecta les principes. Les mêmes chambres, le même pouvoir, les mêmes lois civiles existaient ; rien n’était changé que le chef de l'État. Le peuple, régi de même, ne sentait pas qu'il eût changé de maitre ; et, chose digne de remarque , l'indépendance parlementaire se maintint dans une telle intégrité que, souvent muette sous des rois dont elle avait tout à espérer, elle osa s'élever avec vigueur contre l’usurpation dont elle pouvait tout craindre. La révolution française a-t-elle agi de même ?.…

Loin de renverser les bases de la monarchie, Cromwell S’attacha particulièrement à les consolider : il sut réprimer à temps les excès qui servirent de degrés à son élévation et qui eussent fini par entrainer sa chute.

Sous le Protecteur, VAngleterre vit accroître ses forces , ses richesses et sa considération ; il affermit Ja paix, et créa Sa puissance navale ; sans le crime qui souilla son règne, Cromwell eût semblé n’avoir retenu le dépôt de l'empire que pour le rendre, après lui, amélioré à Charles EH. |

L’héritier du trône n’eut, pour y remonter, aucun obstacle à vaincre ; ils résidaient tous dans la personne de Cromwell : rien ne liait la nation à la révolution ; nul envahissenent des propriétés n’avait eu lieu : niles choses ni les hommes n'avaient subi d’altération.

Charles Il ne devait point son trône aux meurtricrs de son père; aucun pacte ne leur assurait l'impunité, aucune puissance ne les meltait en position de trafiquer du sort de PÉtat. Le parlement, antique et véritable représentant de la nation, traitait avec le monarque, et sévissait contre les coupables. Ce fut enfin par des mains amies que le sceptre fut remis au successeur de Charles [°; aussi, malgré sa faiblesse, Charles Il régna-t-il paisiblement, et l'Angleterre m’éprouva-t-elle, sous son règne, aucune secousse violente.

On voit, par ce court exposé, qu’un pareil état de choses offre aucune similitude avec Pétat de la France après ses révolutions successives, et surtout après celle de la terreur,