Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. 299

Dans tous les temps, ces agrestes États furent gouvernés au nom d'un seul roi et ne servirent qu’un seul Dieu.

La Convention , qui renversa le trône, fut sommée, par la voix du trop fameux Merlin (de Douay ) , de lancer contre Chevrières les sbires de la loi des suspects : plus tard les proconsuls de Napoléon appelèrent les inquisitions de la police sur eelte patrie du royalisme. Mais la vigilance du potentat du hameau déjoua tous les complots et lutta avec succès contre les investigations du pouvoir.

C'est encore à Chevrières qu’on Opposa une vigoureuse résistance aux lo's cruelles de la conscription , à ce sacrifice de victimes humaines offert annuellement à l’homme qui trempa son manteau de bivouac dans le sang de cinq millions de Français.

Alors on vit souvent briller chez ces simples villagcois la fermeté énergique qu’on admire chez les anciens. Les mères, désolées du sort qui attendait leurs fils sous les bannières de Napoléon, osaient tout entreprendre pour les y soustraire. Une elles, veuve, âgée et confiante dans ses infirmités, se présente avec assurance devant un conseil de révision , et réclame l'exemption de son fils unique. On la regarde, on l’inspecte, et après une courte délibération ; Ces mots loudroyans : « Vous n'êtes pas assez infirme, » viennent combler sa misère. Cette mère désespérée sort un moment du conseil dé réforme, se casse un bras , renire , et, sans jeter le moindre cri, « Me trouvez-vous assez infirme main« tenant? » Ces juges, semblables au lion de Florence , cédèrent à la voix d’une mère, et lui rendirent le fils qu’elle venait dé racheter par un si touchant dévouement. Depuis ce temps , les habitans de Chevrières donnaient à cette lemme héroïque le nom de mère,

Il était peu de jours où ce fidèle hameau n’eût pas à réparer les maux de la conscription; des contributions volontaires el auxquelles le roi de Chevrières participait dans une t'iple proportion , Subvenaient aux charges imposées à ceux qu'altcignait celle traite des blanes. Une bourse commune