Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
LES CATHOLIQUES ALLEMANDS. 104 l'Évangile. On se comprit mutuellement ; on se concerta sur les mesures à prendre; mais l’autorilé épiscopale avertie, suspendit Czerski de ses fonctions. Ce fut en vain que la communauté intercéda en sa faveur par une pétition couverte de 500 signatures. Czerski déclara alors (c'était le 22 août de la même année) qu'il sortait de l'Église romaine. Ses partisans furent menacés du haut de la chaire par le vieux prieur de l'exclusion des sacrements ct même de la sépulture sacrée. Mais ceux-ci se déclarèrent commu nauté chrétienne apostolique et catholique, louèrent un local privé pour leur culte, et prirent pour leur pasteur Jean Czerski, qui leur distribua la Cène sous les deux espèces. En agissant ainsi, la communauté prétendait n’avoir point perdu ses droits au partage des biens-fonds de l’église et de l’école de Schneidemühl ; et elle insista auprès du gouvernement prussien pour obtenir d'être reconnue comme Église apostolique catholique, et d’avoir part aux revenus des biens ecclésiastiques. Frédéric-Guillaume IV régnait alors, et se laissait entièrement dominer par la réaction ultra-luthérienne, à la tête de laquelle se signalaient le célèbre jurisconsulte-Stahl et le trop fameux théologien Hengstenberg. Il ne sût pas comprendre ce mouvement réformateur qui aurait pu être si heureux et si fécond, et fit tout ce qui était en son pouvoir pour l’entraver. La requête de la communauté apostolique-catholique de Schneidemühl fut repoussée, et le gouvernement, sans tenir compte des préjugés séculaires que l’éducation avait développés et nourris chez les membres de cette communauté à l'égard du protestantisme, se contenta de l’engager à se rallier à l’Église luthérienne du lieu. La communauté, qui voulait rester indépendante, refusa en invoquant la doctrine des Sept Sacrements qu’elle prétendait conserver. On bâtit une église; on ouvrit des souscriptions et les dons affluèrent de tous côtés. Puis Czerski lui-même se maria et fit bénir son union par le pasteur luthérien du lieu, en suite de quoi il fut solennellement excommunié. Malheureusement, pour le nouveau réformateur, il s’allia à un homme d’un caractère entièrement opposé au sien et
engagée.