Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...

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Note de l'Ambassadeur de France à LL. EE. MM. les Avoyer et Conseil Exécutif de Berne , Directoire Fédéral du 27 septembre 1836.

Le soussigné , ambassadeur de Sa Majesté le roi des Frangais près de la Confédération Suisse, a porté à la connaissance de son gouvernement la note que le Directoire fédéral lui a adressée le 29:août dernier. Il vient de recevoir l’ordre de remettre au Directoire la réponse suivante.

Ce n’est pas d'aujourd'hui que la présence des étrangers réfugiés sur le territoire de la Suisse a troublé son repos et compromis son indépendance. Depuis plus de deux ans, leur conduite et la condescendance de plusieurs Cantons à leur égard inquiétèrent les puissances voisines de la Suisse et provoquèrent leur mécontentement ; les réclamations de ces puissances ne se firent pas attendre, et les Cantons se virent demander des mesures de précaution et de sûreté que les relations de bon voisinage, autantqueleur propre intérêt, auraient dù peut-être leur suggérer et les porter à prendre d'eux-mêmes.

La France n’était point directement engagée dans le débat ; mais, fidèle à ses anciens sentimens, elle saisit cette occasion pour témoigner combien elle avait à cœur les intérêts, l'indépendance et la dignité de la Confédération. Pour faire preuve d’une affection que le temps a cimenté entre deux peuples voisins, entre deux Etats également intéressés en Europe au maintien des droits de tous, le gouvernement du roi s’interposa entre la Suisse et les puissances réclamantes ; il conseilla de toutes parts la modération ; il s'attacha à obtenir que ni l'irritation ni la force ne vinssent compliquer une question délicate. Des mesures destinées à rassurer l'Europe furent consentiesow plutôt délibérées par la Suisse dans l'intérêtmême de son repos. La Diète fit de sages promesses ; la France les prit en quelque sorte sous sa garantie, ét c'est ainsi qu'elle épargna à la Suisse,