Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...

60

par une intervention bienveillante, ou les risques d’un conflit, ou les inconvéniens d’une concession dont sa dignité aurait pu souffrir. Il lui importait, en effet, non-seulement que l’indépendance helvétique fût essentiellement respectée, mais encore qu'elle fùt ménagée jusque dans ses moindres formes. Elle avait à cœur, et ses sentimens n’ont point changé, de faciliter à un pays le maintien de cette politique digne et modérée qui jusque-là avait dirigé ses Conseils. C’est ainsi que, depuis six années, la France a appuyé de son influence cette sagesse et cette modération qu'essayaient de faire valoir en Suisse des hommes aussi amis de l'indépendance de leurs pays qu'ennemis de l’anarchie et des factions:

Cependant, les promesses avaient été imparfaitement tenues; le but n’était point atteint ; les plaintes des puissances voisines s'étaient renoavelées , et lorsque, le 22 juin 1836, le Directoire, reconnaissant enfin l'insuffisance des mesures prises jusqu'à ce moment , invita les Cantons à en adopter d’autres plus eff: caces, et dénonça à la France les coupables menées de: quel: ques-uns des étrangers dont le territoire helvétique élait devenu l'asile, le gouvernement du roi applaudit à de si sages résolutions, et, pour en faciliter l'accomplissement, il permit aux réfugiés dont l'expulsion était demandée d'emprunter le terriioire français pour se rendre à leur nouvelle destination. Ainsi provoqué par la Suisse même, qui, avouant l'existence des complots dénoncés, reconnaissait et les devoirs et les droits que l'intérêt de leur propre conservation donnait aux puissances voisines, il crut répondre aux intentions mêmes de ce pays, et seconder ses sages dispositions, en posant le vrai principe du droit d'asile, tout en assignant à ce droit les limites dont la conduite méme de la Suisse était une reconnaissance formelle. Le monde sait comment la note où le cabinet français exprimait ces idées, conformes d'ailleurs aux vues et aux mesures dont le Directoire avait pris l'initiative, fut accueillie par la Diète, et commentée par une opinion qui commençait à tout envahir dans quelques Cantons, et dont la domination récente semble avoir déplacé le pouvoir, domination funéste, qui; si elle se-prolongeait, dénaturerait tout à Ja fois et la poli-