Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

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dales de sa vie de famille et perdre de vue sa conduite envers les autres nations, mais le présenter à tous comme le modèle parachevé de toutes les vertus civiques et privées.

Désormais le panégyrique de l’empereur sera la caractéristique de la prédication.

Marron, lors du service solennel d’actions de grâces célébré le vendredi 15 août 1806, ne dépassa pas encore trop les bornes permises en s’écriant :

« Chrétiens réformés, n'oublions pas en particulier les obligations importantes que nous avons comme tels à notre magnanime empereur. L’entrainement des circonstances, la force de l'opinion, avaient, en dépit d’une législation absurde toujours subsistante, fait tolérer peu à peu notre religion. Enfin elle avait obtenu une existence légale, mais sans organisation, sans code régulateur et d'autant plus vacillante et précaire. C’est à ce pressant besoin de culte qu'a pourvu dans sa sagesse Napoléon le Grand, c’est là l’immortelle obligation que nous lui devons. Héroslégislateur, tu l’as dit et ta parole impériale est gravée dans nos cœurs: l’empire de la loi finit où

commence celui de la conscience ! »