Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

jourd’hui des réalités consolantes, dont nous sommes les heureux témoins. : » Mais entre ces deux états en apparence similaires, 1l y à une intime et essentielle différence. Ce qui étonne dans le premier, ce désir, ce souffle d'idéal qui parfois fait sourire, mais à coup sûr était une grande force dans la prédication, cette assurance que l’on entre dans des temps nouveaux, manque totalement dans le second. Ce dont on se félicite, c’est du rétablissement de l’ancien ordre de choses?, c'est-à-dire qu'on ne se réjouit que de l’insuccès et de la complète banqueroute des espérances de naguère. Pareille joie dans le fond ne peut aller sans tristesse et sans faiblesse. De peur d'être encore déçu, on n'ose aspirer trop haut; en tout on se contente du juste milieu, disons de la médiocrité et du terre à terre écœurant. Les discours abondent, interminables, sur le

1 Napoléon libérateur. Discours religieux prononcé dans le temple de Saint-Louis, à Paris, le 15 août 1810, par J.-A. Rabaut-Pommier. Paris, Bertin, 1810.

2 « Ils ne parlent que de leur Joie de voir l'anarchie détruite, de la bonne providence, de la concorde, de la tolérance, de la religion sans laquelle il n’y à pas de morale, de la protection auguste de l'Etat et du bonheur d'avoir

leur place au soleil de la nation. Le monde de la vie intérieure est ignoré ». Kuhn, Bull. du prot., 1902, p. 67.