Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

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Une curieuse lettre du trop fameux de Joux montre sous un aspect bien intéressant l’état d'âme de ceux-là même qui se croient sincèrement orthodoxes. « Serez-vous orthodoxe dans votre foi, éerivait-il à Rabaut Jeune en 1805 ou 1806? Je le suis et les protestants de France aiment qu'on le soit : Serez-vous socinien comme... comme... mon Dieu, qui ne l’est pas? J'en gémis, mais il faut cacher les offenses et ne pas les révéler. La plupart des calvinistes, et peut-être des pasteurs de notre Eglise tendent au socinianisme, ou sont tout au plus ariens ; j'en connais infiniment peu d'orthodoxes. J'ai prêché et je crois sincèrement l’orthodoxie; mais je suis tolérant, ennemi des disputes théologiques, et il ne faudrait pas mettre la divinité de JésusChrist au rang des dogmes calvinistes, ainsi que la trinité, pour faire crier la plupart des ministres qui n'y croient pas, quoiqu' ils ne se soucient pas de l’avouert». Pareille incons-

cience paraît presque invraisemblable.

Le dogme done a fait faillite, et, comme

une conséquence directe et inéluctable, la

1 Citation de Kuhn, op. eit. p. 63,