Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870
LA DUCHESSE DE CHEVREUSE 5
M. Batiflol se demande si elle ç avait du jugement»! Et, au lieu de répondre franchement non, au lieu, par exemple, de citer Retz qui dit que chez la duchesse, la vivacité suppléait au jugement, il répond qu’il n’a pas assez de renseignements! Il assure qu'elle a de l'esprit, et il n’explique pas quelle sorte d'esprit. « Sa conversation vive, semée de promptes réparties, lisons-nous p. 6, témoigne d’une acuité d'esprit. » Cette acuité ne brille pas du tout dans les lettres de la duchesse, et, à notre humble avis, la dame n’avait, dans les conversations, d'autre esprit que ses beaux yeux et la licence de ses paroles; si elle plaisait aux hommes, c'était par des raïlleries faciles, par des propos légers et grivois.
« Cette acuité d'esprit, écrit encore M. Batiffol, a été souvent relevée par Richelieu dont elle faisait le désespoir ». L’assertion est vague. Nous lisons sans doute un peu plus loin (p. 131) que Richelieu, dans un entretien avec la duchesse, « se désespérait de colère ». Mais c’est la duchesse qui conte cela à Châteauneuf, et si Chäteauneuf l’a crue, nous, nous ne la croyons pas, nous savons qu'elle dit rarement la vérité. D'où viendrait la colère, le désespoir qu'elle attribue à Richelieu ? Non certes de l’acuité d’esprit de la duchesse, mais de la résistance qu’elle oppose à la politique du ministre, de la trahison que Richelieu pressent et tâche de découvrir chez