Homéothermie et thermorégulation. 1, L' homéothermie

L'HOMÉOTHERMIE 49

de base proportionnel à leur surface, ils ont alors une même tempé-

rature de neutralité thermique. Par contre, si leur dépense de fond était proportionnelle au poids corporel, c’est-à-dire d'autant moins élevée par unité de surface que l’animal est plus petit, la neutralité thermique varierait avec la taille : elle serait d’autant plus basse que l’homéotherme est plus gros.

Pour mettre en évidence toute l'importance d’une « loi des surfaces », ne serait-elle qu'approximative, pour l’homéothermie, voyons quelles seraient les conséquences d’une « loi des masses ), c’est-à-dire d’une dépense de fond proportionnelle dans la série des homéothermes au poids corporel.

Prenons un exemple de deux homéothermes de taille très différente, le bœuf et la souris. Ces deux homéothermes ont par unité de surface à peu près la même dépense de fond, tandis que par unité de poids celle du bœuf est à peu près dix fois moindre que celle'de la souris. Si la production calorique du bœuf était dix fois plus forte qu’elle n’est en réalité, on peut s’imaginer que sa neutralité thermique serait dans ce cas très basse ; elle serait tellement basse, comme on peut le démontrer par le calcul, que le bœuf serait obligé de lutter contre le chaud même aux températures les plus basses réalisées à la surface de la Terre.

Au contraire, si la souris avait par unité de masse le même métabolisme de base que le bœuf, c’est-à-dire ne représentant qu'un dixième de sa valeur réelle, sa température de neutralité thermique se confondrait presque avec sa température corporelle et, ce qui est plus impôrtant encore, pour un abaissement insignifiant de la température ambiante à partir de cette neutralité thermique, sa calorification chimique atteindrait déjà plusieurs fois la valeur du métabolisme de base, épuisant la marge de son accommodation thermique.

Ces considérations sont seulement théoriques et n’ont d’autre excuse que de montrer par l’absurdité d’une «loi des masses » toute la signification de la « loi des surfaces » régissant les échanges des homéothermes à la neutralité thermique. Dans le cas d’une « loi des masses » la neutralité thermique varierait avec la taille : elle serait d'autant plus basse que l’animal est plus grand. Ces différences de niveau de la neutralité thermique seraient telles que non seulement les homéothermes de taille quelque peu différente ne pourraient habiter un même milieu thermique, mais que même les conditions