Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
4 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT qu'étaient ces véhicules de l'époque, l'auteur de Paris en 1789 va nous le dire :
« À certaines heures arrivent dans les quartiers du centre les diligences, les carrosses, les carabas qui viennent de province, lourds, massifs, énormes, laissant apercevoir la silhouette des voyageurs entassés dans les intérieurs trop étroits, avec leurs bâches informes, leurs larges roues, leurs paniers attachés par derrière et débordant de paquets, leurs sabots rivés aux chaines et sonnant la ferraille, avec les essieux qui grincent, les soupentes qui gémissent, les fers de roues qui sautent sur les pavés. Quatre ou six chevaux blancs ou gris, la queue nouée, couverts de harnais rapiécés, trottent pesamment, stimulés par les claquements répétés du fouet des postillons, en gilet rouge, en veste galonnée d'argent, sautillant, droits sur leur selle, dans leurs bottes bardées de pièces de bois!. »
Le passage de la diligence est effrayant : «un bruit tumultueux la précède et l'annonce, dit Mercier; si elle descend avec rapidité, elle risque de se renverser. Quelquefois l'accident arrive, l'énorme carrosse tombe, et vous avez beau demander au directeur le prix de vos bras et de vos jambes, il vous montre froidement son privilège, et regarde votre personne comme un ballot de plus, dont il ne doit pas supporter les acci-
4. Babeau, Paris en 1789.