Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 5 dents, vu la loi éternelle du choc des corps et celle des frottements. »

Mais qu'importent à la jeunesse la fatigue ou des cahots plus ou moins fréquents ! Edmond et Terrier n’en jouissent pas moins délicieusement de leur liberté, du grand air, de tout ce qui frappe leurs yeux, et les perspectives d'avenir qui s'ouvrent devant eux neleur paraissent pas moins séduisantes. Pendant les rares arrêts de la voiture, ils ont encore le temps de jeter un rapide coup d'œil sur les provinces qu’ils traversent.

« Les pays par où j'ai passé, dit Edmond, m'ont fort étonné : j'ai aperçu, au sortir de Cubzac, un ancien château de Renaud de Montauban ; sur la route j'ai vu aussi les ruines de plusieurs forteresses, demeures des seigneurs du temps où le régime féodal régnait en France.

« Nous avons eu le sort d'arriver dans les grandes villes à nuit close. Nous nous levions toujours à deux heures du matin, ainsi nous n'avons pu rien voir que quelques villages où nous passions.

« Angoulême est fort bien située sur la crête d’une montagne dont le pied est arrosé par la Charente ; la ville domine sur une plaine immense. Le Poitou nous à paru un pays assez pauvre. Poitiers répond à ses environs; c’est une ville fort laide. J'y ai vu le poteau qui marque la place où Alaric fut tué par Clovis; les plaines où Jean le Bon fut fait prisonnier par les Anglais.