Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. y

dans la capitale et aussi une vague mélancolie qu'il n'est pas le maître de dominer :

« Enfin je suis à Paris! Quel rêve pour moi! Ce départ m'avait si fort étourdi qu'aucun sentiment de douleur ni de joie n'affectait mon âme... Pendant la route il ne m'a pas été permis de faire la moindre réflexion, tant de choses m'occupaient! Ah! que le monde est grand! Arrivé à Paris, j'ai commencé à m'apercevoir que je laissais ce que j'avais de plus cher à 150 lieues de moi; alors tout m'a paru insipide et la douleur n'a pas tardé à s'emparer de mon esprit, mais ma gaieté reviendra bientôt. D'ailleurs je suis Gascon, et tu sais, comme disait Henri IV à son jardinier, qu'ils prennent partout. »

Pendant les premiers temps de leur séjour, nos jeunes gens ne songent qu'à visiter les principaux monuments ainsi que les quartiers à la mode ; leurs lettres sont pleines de détails sur Paris.

Il ne faut pas perdre de vue que ces réflexions sont l'œuvre d'un tout jeune homme; si elles sont parfois un peu naives, elles sont du moins empreintes d'une grande sincérité et toutes spontanées. Quant à l'emphase du style, elle est fort excusable, on sent que l'écrivain vient de quitter les bancs du collège ; du reste ce tour pompeux qui nous surprend est de mode à l'époque et se retrouve dans toutes les correspondances du temps.

La première impression d'Edmond sur la capitale

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