Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

8 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT.

l'embarras du choix; on trouve dans le quartier un grand nombre de tables d'hôte où, pour 28 sous ou 41 sous par jour, on est relativement bien nourrit. Au bout de peu de jours ils se fatiguent du restaurant et se décident à manger chez eux:

« Nous vivons très à mon goût, mande Edmond à sa famille; nous faisons apporter de chez un traiteur, qui apprète assez bien et qui fait tout au beurre ; notre ordinaire est excellent. Pour le vin, nous buvons du bon champagne qu'un chanoine de Sainte-Geneviève nous à procuré; il nous revient un peu cher, mais nous sommes sûrs qu'il n'est pas frelaté, ce qui est bien rare à Paris. »

À peine arrivé, Edmond s'empresse naturellement de tenir sa famille au courant de tout ce qu'il voit, de tout ce qu'il entend, des moindres événements qui lui arrivent ; ses lettres avec leur enthousiasme juvénile forment un tableau très saisissant non seulement de l'aspect extérieur de Paris, mais aussi de son état moral, et des passions politiques qui l’agitent.

La première lettre du jeune voyageur laisse éclater tout à la fois et la joie naïve qu'il éprouve d'être enfin

4. Pour ce prix on avait pour déjeuner : une tasse de café au lait avec un petit pain, un bon diner avec dessert, un souper avec viande froide, le yin compris. Les étudiants pouvaient trouver dans la Cité, pour dix sous, un dîner composé de la soupe, du bouilli, d'une entrée, d’un dessert et d'un demi-verre de vin. (Babeau, Paris en 1189.)