Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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homme fort instruit et qui a beaucoup voyagé » ; enfin un Parisien, M. Maillé, « musicien plein de talent ». Dès le premier jour on a fait connaissance, on s'est lié et le temps se passe le plus gaiement du monde.

Malgré la saison avancée, ils sont si bien entassés et si à l'étroit les uns contre les autres qu'ils ne souffrent nullement du froid.

Enfin le 15 décembre après six jours de route, Edmond et Terrier arrivent sans. encombre à Paris. Aussitôt ils se mettent en quête d'un logement dans le quartier où leurs travaux doivent les appeler le plus fréquemment, c’est-à-dire dans le quartier latin. Après quelques recherches, ils trouvent rue Hautefeuille, à l'hôtel de Touraine, un joli petit appartement bien aéré et qui paraît réunir toutes-les conditions désirables. Pour un louis par mois, on leur loue une granda pièce à cheminée qui doit lenir lieu de salon, une chambre à deux lits et un cabinet de plus petites dimensions pour serrer le bois et se faire coiffer, car la poudre est toujours en usage avec les boucles et la queue’.

Quant à leur nourriture, nos deux amis n'ont que

1. La rage de la frisure a gagné tous les états, dit Mercier : garçons de boutiques, clercs de procureurs et de notaires, domestiques, cuisiniers, marmitons, tous versent à grands flots de la poudre sur leur tête, tous y ajustent des toupets pointus, des boucles étagées. Douze cents perruquiers emploient à peu près six mille garcons; deux mille chamberlaus font en chambre

le même métier: six mille laquais n'ont guère que cel emploi.