Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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a bien souvent troublé leurs rêves. Ils parcourent ce magnifique jardin qui est devenu le rendez-vous des élégants, des étrangers, des oisifs depuis que pour lui garder son cachet aristocratique, on en a interdit l'entrée aux soldats, aux gens de livrée, aux personnes en bonnet ou en veste, aux chiens et aux ouvriers. La beauté des bâtiments, la régularité et l'élégance des arcades, la magnificence des boutiques les frappent d'étonnement. Ils visitent ces galeries élevées en 1784 et où sont réunies tout ce qui peut séduire les yeux : pierres précieuses, bijoux artistement travaillés, montres admirables, étoffes étourdissantes, on trouve tout sous ces arcades où se pressent les provinciaux et les étrangers. :«« Quelle opulence! s'écrie Edmond, quelle richesse dans toutes ces boutiques dont l'éclat fatigue les yeux éblouis ! »

Ils entrent dans ces restaurants, dans ces ns où la foule se renouvelle sans cesse, dans ces petits théâtres ! qui attirent et amusent les badauds, et ils restent émerveillés de toutes ces attractions, de toutes ces séductions si habilement réunies.

- Tous les étrangers partageaient cet enthousiasme : « Tout ce qu'on chercherait à Paris, on le trouve au

1. Iyaentreautresle théâtre de Beaujolais, où des enfants d'une douzaine d'années font des gestes sur la scène pendant que d’autres chantent dans les coulisses; la précision avec laquelle les gestes répondent aux paroles fait une illusion complète. On n’a trouvé que ce moyen d’éluder les réclamations de l’Académie royale de Musique, qui a le monopole du chant.