Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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enfin de bonne foi, si ses instructions secrètes ne démentaient pas ses actes et ses paroles publiques, ets'il se préparait sans arrière-pensée à lancer ses armées contre ses parents et ses anciens courtisans.

Les ministres étaient encore plus suspects à la nation. On des accusait de correspondances avec l'étranger et d'intrigues contre la Constitution. Bertrand de Molleville, chargé du département de la marine, et Delessart, de celui des affaires étrangères, étaient nettement soupçconnés de trahison. Un seul, Narbonne, possédait la confiance de l’Assemblée ; le Roi le renvoya.

Les Girondins citèrent à la barre de l’Assemblée Bertrand et Delessart; ce dernier avait confié au comité diplomatique sx correspondance avec Kaunitz; elle n’était pas digne du représentant d’un grand pays.

Brissot accusa Delessart d'avoir toujours éludé l’exécution des ordres de l’Assemblée et d'avoir trahi les intérêts de la France dans ses diverses négociations. Vergniaud lui reprocha ensuite d'avoir, étant ministre de l’intérieur, causé les massacres d'Avignon en ne publiant pas, en temps voulu, le décret qui réunissait le Comtat à la France :

€ 11 mars 1792. « Papa,

« L'Assemblée vient de prendre enfin l'attitude de justice et de grandeur qu'elle ne devrait jamais plus quitter et qu'il était urgent qu'elle prit. Elle a enfin