Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

256 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

L'Assemblée a manifesté par des cris perçants lés impressions d'horreur que l'orateut ou plutôt que le Dieu venait de faire passer dans tous les cœurs. Il a continué, et dans un second mouvement presque aussi beau que le premier, il s'est pour ainsi dire identifié avec Mirabeau. « Mirabeau, Messieurs, a dit ici qu'il apercevait de cette même tribune où je suis monté, la fenêtre d'où un roi trop faible, égaré par les suggestions atroces des prêtres qui l’environnaient, se baigna dans le sang de ses sujets, et moi je ;vous dirai, Messieurs, que de cette même tribune j'aperçois ce château où un roi trop crédule est livré aux suggestions non moins sanguinaires de cette tourbe scélérate qui l'entoure; le château où de lâches courtisans versent dans son âme le venin dont ils sont enivrés, ne lui conseillent que la trahison et le parjure, ne lui dictent que les mesures qu'ils croient les plus propres à pervertir l'opinion, à corrompre l'esprit public, à miner la Constitution et à renverser notre liberté. Mais qu'ils apprennent que la tête du Roi est seule inviolable, et qu'enfin la terreur et l'épouvante qui sont si souvent sorties de ce château y rentrent aujourd'hui au nom de la patrie et de la loi. »

Ce dernier mouvement a entraîné l'Assemblée, et le décret d'accusation et d'arrestation a été porté contre Delessart !.

1. L'infortuné ministre périt victimes de massacres du 2 sepembre 1792,