Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

258 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

aucune importance et que la mort de quelques citoyens passait complètement inaperçue. Edmond écrit :

« Il y a du mouvement dans Paris occasionné par la hausse considérable de toutes les denrées et particulièrement par celle du sucre, qui n'a pas de prix. Quelques accapareurs ont été victimes de leur cupidité. On vient de nous dire que le peuple a arraché les épaulettes à un commandant äe la garde nationale parce qu'il avait commandé de faire feu sur un attroupement qui voulait forcer un épicier à céder son sucre à un prix modéré. On parle assez sérieusement d'une évasion prochaine du Roi et, quoique cette opinion paraisse d’abord invraisemblable, il existe plusieurs faits dont le rapprochement semble donner des probabilités. Il paraît que la liberté avant d'être établie aura encore de nouveaux combats à livrer. »

A mesure que les événements deviennent plus pressants, l’exaspération contre les émigrés ne connaît plus de bornes. Elle est soigneusement entretenue par les émigrés du dedans et du dehors qui, par leur jactance, leurs propos menaçants, font croire à des périls prochains et irrémédiables. Edmond écrit à sa famille :

« 1 mars 1792.

« Les émigrés dans toutes leurs lettres nous menacent beaucoup des hulans autrichiens, espèces de houzards. Ils prétendent, pour nous donner une idée de