Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 259

leur valeur, qu'ils mangent les coups de sabre (c'est leur expression). Le temps est venu où nous allons les en rassasier. »

Le jeune homme se fait l'écho de l'indignation qui s'est emparée de tous les patriotes, el, en proclamant hautement la nécessité de châtier les coupables, il laisse pressentir toutes les horreurs de l'avenir.

« Je crois que nous approchons de quelque grande détonation, terrible supplément à la Révolution; il est impossible que la chose publique demeure dans l'état où elle est actuellement. Sous peu de jours, bien des gens qui lèvent la tête et parlent trop haut, se tairont et marcheront avec un pied de nez; heureux, bien heureux de n’en être que pour leur courte honte. J'espère. j'espère bien des choses. Le patriotisme va bientôt se réveiller; que les traîtres pâlissent! Avec quelle joie je verrais punir ces hommes plus vils, plus méprisables, plus dignes de l’échafaud que nos anciens iyrans, qui appellent règle, justice, constitutionnel, légal, tout ce qui peut favoriser le pouvoir absolu de leur maître (le Roï) et qui nomment trouble, faction, républicanisme, illégal, tout ce qui peut maintenir la constitution, la liberté et l'égalité! Avec quelle joie, je verrais sévir contre eux ! »

Quelques jours après, hanté toujours par ces mêmes préoccupations qui obsèdent tous les esprits, il revient encore sur ce sujet brûlant et développe ses idées :

« Lorsqu'on approfondit, écrit-il à son père, le