Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

260 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

18 mars 1792, les causes des troubles intérieurs qui nous agitent, lorsqu'on songe aux sommes énormes employées pour entretenir des forces imposantes sur nos frontières, lorsque, avec cela, on porte ses regards sur la pénurie de numéraire où nous nous trouvons, lorsque, enfin, on veut sonder l’abime terrible vers les bords duquel le vaisseau de l'État semble s'approcher de plus en plus : c’est alors que tout vrai patriote S'aperçoit de quelle importance il est pour la république de sévir avec la dernière rigueur contre ces hordes de révoltés et de les anéantir à jamais; c’est alors que tout vrai patriote s’indigne des voies de douceur et de clémence qu'on a si longtemps suivies à leur égard; c'est alors que tout vrai patriote s'irrite des mesures vaines, impolitiques et dérisoires qu'ont prises nos représentants. Jusques à quand l’Assemblée nationale verra-t-elle patiemment les maux que nous endurons avec une patience stoïque, ilest vrai, mais qu'elle devrait craindre de lasser ? Que signifient ces temporisations et ces délais? Mais dira-t-on, vous reprochez à l'Assemblée de n'employer que des voies de douceur, cependant le décret d'accusation. encore un coup, cette mesure est vaine. quel effet a-t-elle produit ? Elle est dérisoire. car, n'est-il pas absurde d'accuser des hommes que vous n'avez point en votre pouvoir et qui se moquent en paix chez l'étranger de tous vos décrets d'accusation? il faut faire plus que séquestrer leurs biens, plus que les accuser, il faut,