Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 961

au nom du droit des gens, au nom de nos traités avec les puissances étrangères, au nom de la justice enfin, il faut, dis-je, sommer les électeurs de nous remettre les chefs des coupables pieds et poings liés.

« Enfin, c'est une erreur également absurde et immorale que de croire qu'il existe encore des droits d'hospitalité pour des scélérats qui ont rompu tous les liens qui les attachaient à leur patrie et qui ont tramé contre elle. Les électeurs ne peuvent, sans violer la foi des traités, se refuser à nous livrer les conspirateurs réfugiés dans leurs états; nous devons le leur demander et ils doivent sur-le-champ acquiescer à notre juste demande ou sinon. la guerre.

(Quelques personnes débonnaires ne manqueront pas de demander : Quel mal nous font encore ces pauvres émigrés? Quel nouveau crime ont-ils commis pour mériter un si terrible châtiment ? L'on cbjectera peutêtre qu'ils sont dispersés, désunis, loin de nos frontières… je répondrai à tout cela que les faits sont faux, qu'on nous trompe, qu'on nous abuse avec l'audace la plus indicible et la plus impudente. que des lettres particulières ne cessent de nous apprendre le contaire. qu'il est de notoriété publique que la légion Mirabeau existe toujours en corps, que Condé et Rohan sont toujours entourés de leurs preux chevaliers.

« Oui, je le répète, il est urgent d'abandonner une clémence aussi impolitique, aussi préjudiciable à la chose publique, je dirai même aussi barbare : car,

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