Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

266 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

il est attaché par la plus intime affinité de principes et d'opinions, a pris la parole et lui a tracé ses devoirs, avec cette sévérité de pensées et cette éloquence de l'âme que n'imitera jamais l'éloquence académique. Dumouriez, touché jusqu'aux larmes, s’est précipité dans ses bras, et tous deux ont été couverts d'applaudissements. Voilà done un ministre patriote! Veuille le ciel que la cour n'entrave pas sa marche!

« La Société a fait lire ensuite une lettre du maire de Paris, qui en qualité de membre de la Société invite ses concitoyens à abandonner pour le moment le bonnet rouge. La lettre respirait la vérité, la franchise et l'amour du bien public; son invitation était tellement motivée, ses considérations si sages et si prudentes, qu'avant la fin de la lecture chacun avait mis bas son bonnet. La Société a arrêté en outre qu'elle n’en porterait plus que quand certaines circonstances, qu'on ne croit pas éloignées, l’exigeraient. »

À ce moment l'Autriche envoyait des troupes contre nous, elle signait un traité d'alliance avec la Prusse pour nous combattre et « mettre un terme aux troubles de la France ».

Léopold, qui ne se préparait à la guerre qu’à contrecœur, mourut sur ces entrefaites. Cet événement imprévu provoqua dans Paris une animation extrême.