Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 967

« 11 mars 1792. « Papa,

{ Un courrier extraordinaire vous aura sans doute appris la grande nouvelle qui agite en ce moment la Capitale : l'Empereur est mort d'une maladie inflammatoire qui l’a emporté en peu de jours; cette nouvelle se confirme de plus en plus; elle a d'abord été apportée à Paris par une lettre timbrée de Strasbourg, lettre que M. Millin, collaborateur de la Chronique, nous à dit avoir lue à l'hôtel de Broglie. Tu sens combien, dans les circonstances où nous nous trouvons, cet événement inattendu doit changer la face des affaires. »

François, qui succéda à son père, ne demandait qu'à voir commencer les hostilités. Un de ses premiers actes, à peine monté sur le trône, fut d'exiger la restauration de la monarchie française telle qu'elle existait avant la Révolution; c’est-à-dire le rétablissement des trois ordres, la restitution des biens du clergé, et celle du Comtat-Venaissin, L'Autriche demandait en outre la restitution aux princes de l'Empire des terres d'Alsace, avec tous leurs droits féodaux. « En vérité, dit Dumouriez, quand le cabinet de Vienne aurait dormi trente-trois mois depuis la séance de juin 89, sans avoir encore appris la prise de la Bastille, ni tout ce qui a suivi, il n'aurait pas fait des propositions plus