Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 269

certain député, qui roule ses flots dans le manège et sépare la gauche de la droite, c'est le Pactole. » C'est une fureur : pas un citoyen qui ne se dépouille pour subvenir, dans la mesure de ses forces, aux frais de la campagne qui va s'ouvrir.

« Les dons patriotiques se multiplient à l'infini, écrit Edmond; il ne se passe point de séance où une foule de citoyens de tout sexe et de tout âge ne viennent présenter à l'Assemblée le généreux sacrifice d'une partie de leur fortune ou de leurs épargnes. Certains y offrent leurs bourses et.leurs bras. Espérons que ce grand enfhousiasme sera général et durable. Combien ces heureux mouvements doivent nous faire espérer du peuple français et des rapides progrès de l'esprit public! Et sous combien de rapports cette guerre doit nous être salutaire! Nous avons tout pour nous. Le désir indomptable de conserver notre liberté, une haine mortelle pour les tyrans, le plus brûlant patriotisme, de grands moyens, la plus inébranlable résolution de vaincre ou de mourir, et avec tout cela, la Justice qui donne de la force à la force elle-même. »

En province l'enthousiasme n'est pas moindre. M. Géraud père écrit de Bordeaux :

25 avril au soir, l'an IV° de la liberté.

« Ta lettre du 21 m'est parvenue, elle nous a donné la nouvelle de la guerre, confirmée ensuite par un