Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 281

à Jemmapes on rencontre 6000 impériaux. Avant même qu'on ait tiré un coup de fusil, deux régiments de dragons prennent la fuite en criant : « Nous sommes trahis ! » Le reste de l'armée se débande malgré tous les efforts des officiers.

En apprenant ces désastreuses nouvelles La Fayette s'arrête. se

« Paris, 2 mai 1792.

« Après avoir été flattés, écrit Terrier, pendant tous ces jours par des nouvelles toutes favorables, qui nous annonçaient que nos armées, à peine ébranlées, comptaient déjà des conquêtes, nous avons été bien tristement affectés lorsqu'une lettre officielle est venue substituer à ces belles chimères une vérité bien affligeante. « Un détachement de la garnison de Lille, sous la conduite de M. Dillon, est sorti le 28 au soir, pour se porter sur Tournai; il a rencontré l'ennemi à trois lieues de son départ; le combat s'est engagé et nos troupes battues se sont retirées dans le plus grand désordre. On évalue la perte à 300 hommes ; elle eût été plus considérable sans doute si un bataillon de gardes nationaux n'eût favorisé leur retraite. M. Dillon a été massacré dans une grange par ses soldats qui le soupçonnaient de trahison. MM. Chaumont, aide de camp, Butois, officier du génie, ont eu le même sort. L'insurrection s’est propagée dans Lille; un curé non

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