Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 289 mon estime, mon admiration, je dirai même mon amour. Dans ce siècle d'intrigue et de corruption, j'aimais à retrouver en lui ces traits de vertu, de générosité, de dévouement qui sont si chers à mon cœur. Je fixais avec complaisance mes regards attendris sur lui et sur Pétion : voilà, me disais-je, les deux premiers hommes dont s'enorgueillira la France libre et régénérée: tous deux ont été incorruptibles, inébranlables dans les vrais principes, dignes en un mot de la reconnaissance des véritables amis de la liberté et des lauriers précieux que décerne la postérité.

« Autant la bienveillance des Parisiens va croissant de jour en jour pour le Caton de notre sièclet, autant leur mépris pour Robespierre s'augmente de plus en plus. Cet insensé vendu à ses passions, égaré surtout par un orgueil insatiable de louanges, continue à vomir feu et flamme contre tous nos bons députés. L'on souffre de voir un homme à qui l’on croyait autrefois des vertus et des intentions pures, se livrer à de basses calomnies, à d'indignes mensonges pour perdre des citoyens généreux qui ne cessent, un seul instant, de bien mériter de la patrie, et qui ne répondent à ces méprisables délations qu'en dévoilant les perfides manœuvres du trop réel comité autrichien, qu'en livrant à la hache du bourreau les têtes coupables de deux ministres, traitres à leurs serments, aux lois et à la

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